Jean de La Fontaine a marqué l’histoire par ses célèbres Fables. Ses œuvres occupent une place de choix dans le patrimoine culturel français et certains préceptes sont entrés dans la sagesse populaire.
Jean de La Fontaine était un écrivain français du XVIIe siècle. Il a écrit les célèbres Fables, hérédité de la tradition orale et du fabuliste grec Ésope. Il a fait preuve d’une grande maîtrise de la langue française et de la poésie. Il fut aussi l’auteur de contes, de nouvelles, de poèmes, de comédies, d’épitres et de discours. Ces œuvres ne lui ont pas toujours valu admiration et amitiés.
Écrivain et poète légèrement libertin, il accèdera au fauteuil de l’Académie française, sa plus chère ambition, à la fin de sa vie. Mais il devra renier ses premiers contes et sera ainsi « en règle » avec Dieu !
Mais qui se cache réellement derrière cet homme de lettres des années 1600 ?
Jean de La Fontaine a vu le jour le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, dans la campagne picarde. Il est né d’un père maître des Eaux et Forêts et Capitaines des Chasses du duché de Château-Thierry, Charles de La Fontaine (1594-1658). Et d’une mère originaire du Poitou, Françoise Pidoux (1582-1644).
Il a un frère cadet, Claude, né en 1623. Jean a également une demi-sœur, Anne de Jouy, née en 1611 lors de la première union de sa mère avec l’homme d’affaires Louis de Jouy.
Jean de La Fontaine débute son éducation dans sa région, en y apprenant le latin, mais pas le grec. Ses parents le destinant au séminaire, il entre à l’Oratoire de Paris à l’âge de vingt ans, en 1641, mais quittera cette école dix-huit mois plus tard. Pourtant, le jeune Jean apprécie le calme et la tranquillité de l’endroit et passe son temps à lire. Malheureusement, ce ne sont pas les lectures prônées par ses maîtres.
Ne s’intéressant pas aux études religieuses, Jean de La Fontaine entreprend des études de droit à Paris et obtient son diplôme d’avocat au parlement de Paris en 1649. En parallèle de ses études, il fréquente un salon de jeunes passionnés de littérature, les « chevaliers de la table ronde » et compose ses premiers vers. Lors de cette période, il rencontre Paul Pellisson, François Charpentier, Gédéon Tallemant des Réaux et Antoine de Rambouillet de La Sablière.
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Attiré par les écrits de François de Malherbe, Isaac de Benserade et Vincent Voiture, il s’exerce d’abord au vers, épitres et ballade. En 1654, Jean publie une pièce inspirée du poète latin Térence, « L’eunuque ». Malheureusement, celle-ci ne connaît pas le succès escompté.
Il écrit également la comédie « Clymène » en 1659 et un poème « Adonis », qui lui vaudront la protection de Nicolas Fouquet, surintendant des Finances. Par la suite, Jean remerciera Nicolas en lui dédiant « le Songe de Vaux », « l’Ode au Roi » et « l’Élégie aux Nymphes de Vaux ».
En novembre 1647, le père de Jean de La Fontaine organise un mariage arrangé avec Marie Héricart (1633-1709), alors âgé de quatorze ans et demi. Le contrat de mariage a été signé par le notaire Thierry François, dans un village proche de Château-Thierry. Âgé de 26 ans, Jean connaît donc un mariage sans amour. Malgré tout, en octobre 1653, nait leur unique enfant, Charles. Mais très rapidement, La Fontaine est lassé de son épouse et la délaisse.
Fidèle et libertin, la tentation de l’adultère est manifestement trop grande pour cet homme de lettres. Jean de La Fontaine préfère courir les jupons de Paris. Il a d’ailleurs écrit dans un vers de Joconde « Marié depuis peu : content, je n’en sais rien ». Tombeur revendiqué, il aime passer d’une femme à l’autre sans aucun attachement.
L’éducation du petit Charles fut confiée à son plus fidèle ami, François de Maucroix. Une histoire raconte qu’un jour Jean ne reconnut pas son fils en le croisant dans la rue. Ce dernier épouse Françoise-Jeanne du Tremblay en 1712, à l’âge de 59 ans, avec qui il a eu cinq enfants.
Jean et Marie se séparent de biens en 1658 et de corps en 1664. Cette séparation est due à leur grande différence d’âge et leur manque d’affinité. Mais surtout au comportement volage du poète, dont les frasques amoureuses étaient loin d’être discrètes.
En 1652, Jean de La Fontaine acquiert une modeste charge de maître des Eaux et Forêt à Château-Thierry. Les charges de son père s’y ajouteront à la mort de celui-ci en 1658. La Fontaine a toujours été soupçonné de ne guère s’occuper avec passion ou assiduité cette tâche. Il revendit l’intégralité en 1672.
Bourgeois de petite ville, propriétaire terrien, La Fontaine était déjà en contact avec la vie rurale. Par obligation professionnelle, il va acquérir, au contact des gens, de la campagne et de la forêt, l’incomparable expérience qui fera la force et la valeur des célèbres Fables.
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Jean de La Fontaine était un auteur engagé de son temps. Et ce fabuliste prenait de gros risques en dénonçant la société corrompue dans laquelle il vivait. En effet, Louis XIV n’était pas un roi très commode. Et s’il n’aimait pas quelque chose, il le faisait payer et certains auteurs pouvaient aussi être censurés.
Jean de La Fontaine a communiqué toutes ses idées à travers ses fables éditées dans douze livres parus entre 1668 et 1694. Afin d’éviter la censure, dans ses critiques, Jean de la Fontaine représente les hommes, notamment Louis XIV et ses courtisans, par des animaux.
Cet homme adroit a utilisé le discourt indirect pour annoncer sa médisance. Il a pris le temps de réfléchir à la critique, et donné la parole à ses animaux afin qu’ils le disent à sa place. De cette façon, La Fontaine ne pouvait prétendre avoir critiqué la monarchie de Louis XIV, tout simplement, car ce n’est pas lui qui l’a directement blâmée.
Deux fables ont vraiment marqué l’histoire. La première, « Les obsèques de la lionne ». Pour celle-ci, Jean de La Fontaine s’est inspirée du décès de la reine Marie Thérèse d’Espagne, que Louis XIV avait épousé à l’occasion du traité des Pyrénées en juin 1660.
Cette fable est une véritable satire de la cour de Louis XIV. À travers le cerf, nous assistons à l’ironie du despotisme royal. Il accuse les courtisans de Louis XIV de manquer de sagesse et d’être trop stupides pour réfléchir. Ils sont à l’image de ce que l’on attend d’eux.
Globalement, les courtisans étaient des hypocrites envers Louis XIV. La Fontaine blâmait également le roi qui n’était qu’un monarque autocratique où l’on ne voit que sa brutalité. Il accuse aussi le système judiciaire perverti dans lequel Louis XIV ne tolérait que ses opinions. Dans « Les obsèques de la lionne », la cour du lion représente le château de Versailles.
La seconde fable a été écrite en 1678 et elle est extraite du livre VII. Il s’agit de « La cour du lion ». Tout comme la première, elle reproche au roi d'être un homme sévère qui décide de tout et aux courtisans d’être des personnes fausses et hypocrites. Ici, Jean de La Fontaine destine le « vous » aux courtisans, ainsi qu’aux lecteurs. Il lui sert à donner des conseils.
Il serait possible de décortiquer toutes les fables pour trouver une ou plusieurs critiques sur la société dans laquelle Jean a vécu. Dans chacune d'elles, il dénonce ses plus gros défauts à travers une mise en scène d’animaux stéréotypés. Il remet complètement en cause l’absolutisme royal et les principes de Louis XIV et de sa Cour.
Le plus ironique, c’est que c’est grâce à ses fables qu’il connaît un grand succès et qu’il devient l’un des écrivains les plus talentueux de la littérature française.
Nous connaissons Jean de La Fontaine comme un homme de lettres en tant que fabuliste moralisateur. Il a su se faire haïr par des générations de jeunes écoliers. Heureusement, tout le monde ne le déteste pas. Toutefois, Monsieur de La Fontaine écrivait non seulement des bibliothécaires d’opéra, des pièces de théâtre et des poèmes. Mais aussi des contes licencieux...
Écrivain et poète vaguement libertin, pour réaliser son rêve le plus cher, accéder au fauteuil de l’Académie française, il a dû renoncer à ses premiers contes. Ainsi, il se réconcilia avec Dieu et les représentants de l’Église catholique de l'époque.
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Jean de La Fontaine et Nicolas Fouquet sont deux hommes qui s’apprécient et s’estiment énormément. En 1658, Nicolas est l’un des personnages les plus puissants du Royaume. Ce dernier s’imagine déjà en digne successeur du cardinal Mazarin, à la fonction très enviée de Premier ministre. Il décide alors de tenir une cour d’écrivains et de s’afficher comme un homme d’esprit et de lettres.
Les deux hommes ont été mis en relation par Paul Pellisson. Jean découvre alors en la personne de Nicolas Fouquet un mécène prodigue. D’ailleurs, celui-ci le prend sous sa protection et lui verse même une pension afin de lui permettre de s’adonner à son art libéré des contingences matérielles.
Leur relation sera prolifique. En plus de lui avoir dédié certains de ses écrits, Jean de La Fontaine entreprend aussi une description du château de Vaux-le-Vicomte, intitulé « le Songe de Vaux ». Cette œuvre demeurera inachevée. La participation de Jean à la cour des écrivains mis en place par le surintendant lui permet de se lier d’amitié avec les esprits les plus brillants de son temps.
En 1661, le rêve est brisé. Nicolas Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV et inculpé pour corruption. Cette soudaine dépravation disloque la cour de protégés qui entourait cet homme instruit. Si beaucoup ont tourné le dos à Fouquet, certains sont restés fidèles à cet homme hors du commun et au mécène qu’il fut. Ce qui est particulièrement vrai en ce qui concerne Jean.
Ce soutien indéfectible a poussé Jean de La Fontaine à rédiger deux nouvelles œuvres, destinées à infléchir la position du roi. Il s’agit de « Élégie aux nymphes de Vaux » qui paraît en 1661 et de « Ode au roi pour M. Fouquet », publiée en 1663. Sa position l’exilera temporairement de la capitale, dans la ville provinciale de Limoges.
Il est possible de dire, sans prendre trop de risque, que Nicolas Fouquet a profondément marqué toute l’œuvre littéraire de son ami et protégé, Jean de La Fontaine.
Au siècle classique, les écrivains sont entretenus par des mécènes, chez qui ils vivent, et qui généralement tiennent un salon. C’est dans les salons que les écrivains font connaître leurs œuvres. Si ces dernières sont publiées, l’écrivain reçoit alors une somme d’argent forfaitaire en fonction de sa notoriété. Mais les droits d’auteur, proportionnels aux ventes, n’existent pas encore. Les créateurs peuvent également être pensionnés par le roi, s’ils sont inscrits sur la liste des gens de lettres, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain.
Jean de La Fontaine n’avait aucune ambition de pouvoir ni d’argent, ce qui est sans doute louable, mais il a toujours vécu aux dépens de quelqu’un. Un très grand nombre de ses pièces ont été composées pour le surintendant Nicolas Fouquet, dont la Fontaine était devenue d’un des poètes à gages. C’est ici, comme on le sait, un des côtés les plus déplaisants de son personnage.
Nicolas Fouquet, le mécène de Jean de La Fontaine, est désavoué par le roi et emprisonné en 1661. L’année suivante, c’est la nièce de Mazarin, Marie-Anne Mancini, devenue duchesse de Bouillon, qui prend La Fontaine sous sa protection. De 1664 à 1672, c’est Marguerite de Lorraine, duchesse d’Orléans qui prend le relais.
Ensuite, il vit chez Madame de la Sablière jusqu’à la mort de cette dernière en 1693. Pour les deux dernières années qui lui reste à vivre, c’est Monsieur d’Hervart qui le prend en charge.
Jean de La Fontaine fut de retour à Paris en 1664, où il se lie d’amitié avec Molière, Boileau et Racine. À cette époque, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse-douairière d’Orléans. Il partage son temps entre Paris et Château-Thierry, ce qui assurera sa noblesse. C’est le moment où de La Fontaine entre dans le monde de la littérature publique avec un premier conte, tiré de l’Arioste, « Joconde ».
Il a écrit entre 1668 et 1694. Les Fables de Jean de La Fontaine font partie de son œuvre la plus célèbre et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Au total, nous pouvons en compter 240.
L’œuvre de Jean de La Fontaine reste celle d’un poète qui s’est interrogé sur le monde dans lequel il vivait, sur lequel il a porté un regard lucide, nourri de philosophie. Il y voit un monde cruel et impitoyable où les rapports de force sont dominants. Seules la ruse ou l’adresse permettent souvent d’inverser les situations où un plus fort s’incline face à un plus faible. À défaut de pouvoir le changer, il propose, en sage, de s’en accommoder en renonçant aux vaines illusions.
Jean de La Fontaine exerce à sa façon un style particulier qui transpose l’écrit l’ironie spirituelle et mondaine de la conversation de salon. Ce dernier n’hésite pas à prendre un registre métalinguistique et à s’adresser directement à son lecteur, voire à un lecteur précis tel qu’un prince ou un courtisan.
Tout comme ses Contes, Jean a écrit la plupart de ses Fables en vers irréguliers, ayant un air qui tient beaucoup de la prose. Cet homme de lettres varie d’un vers à l’autre le nombre de syllabes, mais y met toujours au moins une assonance, et très souvent une rime.
Cependant, dans certaines fables nous pouvons retrouver certains vers en alexandrins réguliers comme « Le Meunier, son fils et l’Âne » et « Le Vieillard et ses Enfants ».
La liberté de ton produite par cette manière irrégulière de composition sert les deux procédés de style mis en œuvre par l’auteur. La première est la narration factuelle : le moraliste évite la posture du moraliste en adoptant la posture de l’observateur. Au contraire, la seconde est l’usage répété de la première personne du singulier. Ainsi, l’observateur, à partir du lecteur, exprime le point de vue personnel de la pédagogie humaniste.
Le fabuliste a éclipsé le conteur, dont les textes sont ici en vers. Les tensions religieuses à la fin du règne de Louis XIV et la retenue du XIXe siècle ont éclipsé ses contes licencieux. L’enjeu poétique étant de jouer avec les désirs sexuels, dans un jeu d’évasion et de provocation basé sur la complicité du lecteur. Jean de La Fontaine s’inscrit dans la tradition littéraire antique, mais à sa manière. Il transforme les histoires vulgaires en œuvres plus raffinées.
Dès la parution de son recueil de Contes et Nouvelles en vers, les critiques l’applaudissent et le succès est au rendez-vous. Son ouvrage doit même être réédité deux fois au cours de la même année. Jean de La Fontaine devint enfin célèbre et jouit d’une réputation particulière. Cet homme de lettres est vite devenu un excellent conteur, doté d’un esprit libre et original.
Comme leur nom l’indique, ce sont des recueils de fables écrites en vers. La plupart d'entre elles illustrent des animaux à l’apparence humaine, mis en scène afin de faire passer une morale, au début ou à la fin. Les Fables visiteront tous les thèmes : réflexion politique, philosophie, sens de la vie, nature humaine, contes satiriques ou légers.
Ces fables écrites à des fins pédagogiques étaient adressées au prince Louis de France, le fils du roi Louis XIV et de la reine Marie Thérèse. Elles étaient utilisées pour décrire les lacunes des gens.
C’est en 1668 que Jean de La Fontaine publie son tout premier recueil de Fables qui rencontrera un immense succès. Les livres I à IV rassemblent 124 fables. Il s’inscrit alors dans la démarche classique qui attribue aux fables la vocation d’instruire. S’appuyant sur les apologues d’Ésope, qui sont de courts récits ne servant que de courte illustration, La Fontaine inverse la proportion. Il développe le récit de façon très importante, la morale ne devenant qu’un élément final, parfois même éludé ou prononcé par un personnage.
Les autres livres des Fables, de VII à XI verront se développer et s’affirmer le style propre de Jean de La Fontaine, avec des textes longs pleins de précisions et de descriptions développées.
Jean de La Fontaine à écrit au total 243 fables publiées en quatre tomes (1668, 1678 et 1679). Immortelles et plus que jamais d'actualités, les fables sont toujours autant lues de nos jours. Aussi, des dizaines de milliers de recueils sont encore vendus chaque année. Voici le top 10 des fables les plus connues du célèbre fabuliste :
Il n’a que soixante et onze ans lorsque la maladie l’atteint. Avec la mort de la duchesse de la Sablière en janvier 1693, Jean de La Fontaine perd sa plus précieuse amie. À ce moment, son moral est au plus bas et il perd le goût des plaisirs, mais surtout le goût de la vie.
Il passe alors son temps à lire, se plonge dans les Évangiles et entame des discussions avec les prêtres. L’abbé Pouget, à force de persuasion, arrive à faire confesser de La Fontaine. Il insiste aussi sur une confession publique et un reniement de ses contes. Ce qu’il fait dans sa chambre en présence d’académiciens. L’abbé lui fait promettre de n’écrire que des textes religieux et pieux. Il peut enfin recevoir l’extrême onction.
Allant mieux, il se rend à nouveau aux séances de l’Académie et publie en 1694 le livre XII des Fables. Mais un soir de février 1695, il est pris de malaise et s’éteint le 13 avril 1695 à l’âge de soixante-treize ans, dans la maison des Hervart, une famille de banquier.
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