Les fables de ce merveilleux auteur ont traversé les siècles et leurs morales sont toujours autant d’actualité. Toutefois, il serait réducteur de ne retenir de Jean de La Fontaine que ses fables.
Il fut aussi conteur, auteur de nouvelles — en prose ou en vers — et s’essaya même à la musique en s’associant à des compositeurs. Nous ne manquerons pas non plus d’évoquer ici ses écrits irrévérencieux, ainsi que ses contes libertins qui firent tant jaser.
Ce site a pour ambition de vous faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre de cet auteur prolifique. Il importe de replacer les écrits de Jean de la Fontaine dans leur contexte historique. Il fut un auteur engagé et prit même des risques considérables en remettant en question les décisions politiques du roi Louis XIV.
Nous évoquerons aussi ses influences, ainsi que les auteurs qui furent à l’origine de son inspiration. Enfin, il serait dommage de ne pas extrapoler et transposer ses fables au XXIe siècle, car les travers de nos politiciens et personnages médiatiques s’avèrent intemporels. Il est facile — et amusant — d’y voir une allégorie de notre époque. Plutôt que de s’en navrer, autant s’en gausser…
Rien ne prédestinait Jean de la Fontaine à devenir l’un des auteurs les plus renommés et les plus appréciés de France. Né en 1621 en Picardie, il voulut devenir avocat en suivant des études de droit à Paris. Toutefois, son mariage arrangé en 1647 avec Marie Héricart, brida son ambition et l’enjoignit à reprendre la charge de son père. C’est ainsi qu’il devint maître des Eaux et Forêts.
Jean de la Fontaine consacra alors ses journées à superviser l’exploitation des forêts, des chasses et des pêches de son territoire. Il est fort à parier que cette vie en osmose avec la nature n’est pas étrangère à sa propension à choisir des animaux comme héros de ses écrits.
Cependant, son mariage étant voué à l’échec, il renoua avec Paris dont il fréquenta assidûment les salons littéraires. Il entendait vivre de ses écrits, mais, les droits d’auteur n’existant pas à cette époque, il rechercha des mécènes. Le premier d’entre eux à lui offrir une rente régulière fut le ministre des Finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet. Plus tard, lorsque ce dernier tomba en disgrâce, Jean de La Fontaine se saisit de sa plume pour le défendre, ce qui lui valut à son tour des ennuis le laissant sans le sou.
Cette entrée tumultueuse dans le monde politique est l’occasion de nous plonger dans une époque — pas si étrangère à la nôtre — où il fait bon d’être bien en cour, mais dans laquelle il n’y a cependant jamais loin du Capitole à la roche Tarpéienne.
Jean de La Fontaine revint au premier plan de la scène avec la parution de son premier recueil de fables à l’âge de 47 ans.
« On tient toujours du lieu dont on vient », affirme Jean de La Fontaine dans La Souris métamorphosée en fille. Il n’oublia jamais sa proximité avec la nature qui lui servit de décor pour l’intégralité de ses fables.
Parmi les sources littéraires qui l’inspirèrent, il est d’usage de citer Ésope, le poète grec du VIIe siècle avant Jésus-Christ. Toutefois, il serait injuste de ne pas évoquer son contemporain François de La Rochefoucauld et ses maximes publiées en 1665, ainsi que la tradition du récit animalier médiéval, dont Le Roman de Renart datant du XIIe siècle. Enfin, il convient de ne pas négliger les influences de la culture orientale qu’il découvrit en fréquentant le salon de Madame de la Sablière.
Explorer les sources d’inspiration de Jean de La Fontaine nous offre de découvrir des auteurs antiques, médiévaux ou parmi ses contemporains, avec des ouvrages aussi riches que passionnants.
« Patience et longueur de temps
font plus que force ni que rage »
Jean de La Fontaine dut en effet attendre longtemps avant que Louis XIV consentît à le voir entrer à l’Académie française en 1684. Ironie du sort, l’auteur prit en quelque sorte sa revanche en occupant la place de Colbert, l’ancien ministre des Finances qui avait orchestré le complot ayant précipité la chute de son ami Nicolas Fouquet.
Le passage de Jean de La Fontaine à l’Académie française ne fut pas de tout repos, car il participa à la longue lutte des Anciens — dont il était un représentant — contre les modernes, incarnés par Charles Perrault. Cette période nous donne l’occasion d’entrer dans les arcanes de l’Académie française et de découvrir que la littérature n’est pas seulement une histoire de talent, mais que la politique s’avère omniprésente au sein de la prestigieuse institution.
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Tombé gravement malade, Jean de La Fontaine mourut ruiné en 1695, à l’âge de 73 ans. N’ayant rien perdu de son impudence avec l’âge, l’auteur eut le mot de la fin en écrivant lui-même son épitaphe, soulignant — bien ironiquement — son caractère paresseux.
Épitaphe d'un paresseux
Jean s’en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire.
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